08/10/2025

Entreprises digitales : anticiper les changements du RGPD en 2025 et réussir sa mise en conformité

RGPD 2025 : un tournant pour l’écosystème digital français

Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) a marqué un avant et un après dans la gestion des données personnelles en Europe depuis 2018. Pour 2025, l’Union européenne prévoit une série de clarifications et de mises à jour destinées à répondre à l’évolution rapide des technologies et à combler certaines failles identifiées ces dernières années (CNIL). Les entreprises digitales françaises, exposées en première ligne à la récolte et au traitement massifs de données, ont tout intérêt à anticiper ces ajustements. En 2023, près de 37% des entreprises françaises déclaraient avoir encore des difficultés à se conformer totalement au RGPD (source : IFOP). Les amendes prononcées contre les manquements continuent de faire la une, poussant les dirigeants à faire du respect du RGPD un enjeu stratégique, aussi bien pour la pérennité juridique que la réputation.

Pourquoi ces mises à jour du RGPD en 2025 ?

  • Explosion de l’IA et de la Data : Les outils d’intelligence artificielle générative, la collecte des données comportementales, et les traitements automatisés posent de nouveaux défis. Les pouvoirs publics veulent s’assurer que les utilisateurs gardent la main sur leur vie privée.
  • Nouvelles exigences de transparence : La Commission européenne prévoit de renforcer les mécanismes d’information et de consentement pour limiter le “dark pattern” (pratique consistant à manipuler l’utilisateur pour qu’il donne son consentement).
  • Protection accrue des mineurs : En France, le volet concernant les mineurs devient une priorité, la CNIL souhaitant renforcer leurs droits d’accès, de suppression et de contrôle sur les données les concernant.
  • Renforcement des sanctions : Les contrôles s’intensifient et les sanctions sont désormais plus strictement liées au chiffre d’affaires mondial de l’entreprise concernée.

Quelles sont les évolutions concrètes à attendre ?

1. Consentement renforcé et gestion granulaire

  • Consentement explicite obligatoire : La simple acceptation globale ne suffit plus. Les utilisateurs doivent pouvoir choisir les usages exacts de leurs données, notamment pour le tracking publicitaire, la personnalisation, ou le partage à des tiers.
  • Refus facilité : Les boutons “tout refuser” devront être aussi visibles et accessibles que ceux permettant d’accepter, comme l’a déjà imposé la CNIL en 2022 aux sites français sur les cookies.

2. Transparence accrue sur les traitements algorithmiques

  • Algorithmes explicables : Les entreprises doivent être capables d’expliquer simplement le fonctionnement de leurs IA et traitements automatisés qui impactent les utilisateurs (notation, recommandation, recrutement, etc.).
  • Registre des décisions automatisées : Introduction d’un “registre des décisions ayant un effet significatif sur l’utilisateur”, devant être communiqué à l’autorité en cas de contrôle.

3. Droits des utilisateurs élargis

  • Droit à l’effacement instantané : Avec la montée des réseaux sociaux et du contenu viral, un bouton d’effacement immédiat devra être disponible sur toute demande utilisateur, particulièrement pour les mineurs.
  • Droit à la portabilité élargi : Les utilisateurs doivent pouvoir exporter l’ensemble de leurs données dans un format ouvert et exploitable.

4. Sécurité et notification de violation repensées

  • Notification en 24h : Le délai légal de notification d’une violation de données à la CNIL pourrait passer de 72h à 24h.
  • Plan de réponse obligatoire : Les structures digitales doivent avoir documenté leur process de gestion de crise (incident response plan), et tester leur efficacité.

Comment préparer son entreprise digitale à ces changements ?

Analyse de maturité RGPD : faire un état des lieux

Avant toute chose, il est indispensable pour chaque entreprise de réaliser une cartographie complète des traitements de données en cours. Cela implique d’identifier :

  • Les types et volumes de données collectées
  • Les finalités et bases légales associées
  • Les systèmes impliqués (SaaS, hébergements, tiers, partenaires, plateformes de tracking…)
  • Les flux transfrontaliers (notamment les transferts hors de l’UE)

La CNIL met à disposition un outil gratuit de cartographie pratique pour commencer (outil officiel “Cartographier ses données personnelles”).

Former et sensibiliser les équipes

Le RGPD ne doit plus être réservé au service juridique ou au DPO. En 2025, chaque collaborateur traitant des données – produit, marketing, service client – devra être sensibilisé via des modules de formation adaptés, idéalement tous les 6 à 12 mois. Des solutions comme Cybermalveillance.gouv.fr ou Data Legal Drive offrent guides et e-learning RGPD adaptés à différents profils métiers.

Mettre à jour ses outils et processus

  • Choisissez des solutions “privacy by design” : Les outils qui intègrent le respect de la vie privée dès la conception seront privilégiés (formulaires, analytics anonymisés, gestion des cookies, CRM…).
  • Auditez vos partenaires : Vérifiez que vos sous-traitants et solutions SaaS sont eux-mêmes conformes et disposent de certifications ou de labels actualisés (label CNIL, certification ISO 27701, etc.).
  • Documentez chaque mise à jour : Tenez à jour le registre de traitements et toute documentation liée aux évolutions de vos systèmes.

Améliorer la gestion du consentement

  • Mettez à jour votre plateforme de gestion du consentement (CMP) : Optez pour des CMP offrant une granularité fine par type de données et usage, avec un historique des consentements par utilisateur (ex : Axeptio, Didomi).
  • Faites de l’A/B testing UX : Pour que le refus soit aussi “facile et naturel” que l’acceptation, testez différentes interfaces utilisateur.

Repenser la politique de gestion des mineurs

  • Âge du consentement : Adoptez un processus de vérification de l’âge, notamment pour les services accessibles en dessous de 15 ans, seuil retenu par la France.
  • Outils dédiés à l’effacement : Prévoyez un module “effacement express” pour les demandes des mineurs et une gestion transparente pour les parents et responsables légaux.

Quels outils et solutions concrètes adopter ?

  • Gestion du consentement : Plateformes telles qu’Axeptio et Didomi, qui sont adaptables pour la nouvelle granularité et la preuve du consentement.
  • Automatisation des demandes RGPD : Des solutions comme DataGrail ou OneTrust permettent d’accélérer le traitement et l’archivage des droits d’accès/suppression/portabilité.
  • Surveillance continue : Plateformes de monitoring de cybersécurité, comme Exaion ou Outscale (hébergement souverain), sont à considérer pour le suivi temps réel et la notification rapide en cas d’incident.
  • Registre des traitements : L’outil Open Source GDPR Register ou la solution SaaS Data Legal Drive pour automatiser la cartographie et la gestion documentaire.

La CNIL répertorie sur son site une sélection de solutions labelisées pour couvrir ces besoins.

Bonnes pratiques et points de vigilance pour 2025

  • Anticiper l’audit : Préparez chaque année un audit de conformité (interne ou accompagné d’un cabinet spécialisé).
  • Impliquer le DPO : Son rôle devient central, il doit être impliqué dès la conception des projets digitaux.
  • Veille réglementaire : Abonnez-vous à la newsletter de la CNIL et du CEPD (Comité Européen de la Protection des Données) pour être alerté des prochaines évolutions.
  • Respect de la data minimization : Collectez uniquement ce qui est strictement nécessaire. Un audit régulier des pratiques de collecte évite l’accumulation de données “dormantes” à risque.
  • Respecter l’utilisateur : La confiance des utilisateurs est le premier capital des entreprises digitales. Mettre en avant la conformité RGPD dans la communication devient un avantage concurrentiel.

Et après ? Cap sur une approche éthique et proactive de la data

A l’heure où la régulation européenne s’intensifie (RGPD, Data Act, IA Act…), l’enjeu ne se limite plus à éviter l’amende : il s’agit de transformer la contrainte en opportunité. Selon le Baromètre RGPD 2023 (Serda Conseil), 64% des Français consultent systématiquement les paramètres de confidentialité avant d’utiliser un service web ou une application. Être en avance sur la conformité, c’est aussi faire la différence pour attirer et fidéliser une clientèle plus attentive à l’éthique, la transparence et la sécurité.

S’adapter aux nouvelles directives du RGPD, c’est donc investir dans des process robustes, former en continu ses équipes, choisir des partenaires responsables, et faire de la “privacy” un élément-clé de l’expérience utilisateur. Un seul mot d’ordre pour 2025 : anticipation.

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