29/11/2025

Publicité en ligne : chiffres, tendances et perspectives du marché digital français à l’horizon 2025

Où en est le marché en 2024 ? Les dernières données fiables

Avant de parler projections, prenons un instant pour dresser un état du marché en 2024. Selon l’Observatoire de l’e-pub SRI, réalisé par le cabinet Oliver Wyman, le marché de la publicité digitale en France a atteint 9,7 milliards d’euros en 2023, avec une croissance annuelle de 10% (SRI). Sur la seule année 2023, c’est quasiment 900 millions d’euros de chiffres supplémentaires comparés à 2022.

Le digital pèse désormais près de 63% du marché publicitaire total en France, devançant largement la télévision, la radio ou l’affichage traditionnel (eMarketer). Cette domination croissante pose clairement la question : jusqu’où ira cette montée en puissance ?

Projections pour 2025 : Quel poids pour la publicité online ?

Les prévisions pour 2025 s’appuient sur des études concordantes menées par l’IAB France, Magna et l’Interactive Advertising Bureau Europe. En croisant ces sources, il ressort que :

  • Le marché de la publicité digitale française devrait franchir le cap symbolique des 11,5 milliards d’euros en 2025 (prévision SRI/Oliver Wyman, juillet 2024), soit une croissance globale de l’ordre de 8 à 10% par an.
  • Le digital pourrait ainsi représenter 67 à 70% de l’ensemble du marché publicitaire français dès 2025, selon l’évolution des budgets des annonceurs.
  • À l’échelle européenne, la France reste le 3ᵉ marché publicitaire digital derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne – mais affiche l’une des croissances les plus régulières du Top 5 (source : IAB Europe).

Cette dynamique n’est pas uniforme sur tous les formats ni pour tous les acteurs. Focus sur les principaux segments.

Quels sont les formats digitaux qui tirent la croissance ?

Même si le display et les liens sponsorisés restent largement majoritaires, le marché de la publicité digitale française évolue vite sur plusieurs axes (Source : Baromètre SRI, BUMP, France Pub) :

  • Le Social Media (Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat, LinkedIn…) attire désormais plus de 30% des investissements publicitaires digitaux en France (3,3 milliards d’euros estimés pour 2024), avec une croissance sur TikTok (+45% annuels) et Meta (+12%) qui ne se dément pas malgré l’arrivée de nouveaux usages.
  • Le Search (liens sponsorisés) reste le premier format, frôlant les 4 milliards d’euros avec une croissance de +8% attendue en 2025. Google capte toujours la majeure partie du search, mais Amazon Advertising prend de l’ampleur.
  • La publicité vidéo online explose aussi : elle pèse près de 2,3 milliards d’euros en 2024, dopée par YouTube, Twitch, Facebook Watch et surtout l’essor du streaming et de la CTV (télé connectée). Les prévisions annoncent 2,8 milliards pour 2025.
  • Le retail media représente la vraie fusée du moment. Les enseignes comme Carrefour, Leclerc, Fnac Darty, mais surtout Amazon, multiplient les dispositifs publicitaires. En 2024, c’est plus de 1,4 milliard d’euros générés, et on attend un bond à 1,8 milliard en 2025, soit +25% par an (source : FEVAD, IAB).
  • Les nouveaux formats (audio digital, DOOH) : Publicités sur podcasts, radio online et audio programmatique progressent, atteignant 230 millions d’euros en 2024, avec une montée régulière mais encore marginale par rapport au display ou au search.

Les grandes tendances qui dessinent le marché

Au-delà des chiffres, la pub digitale française évolue sous l’effet de 5 tendances clés :

  1. Montée en puissance du retail media : La publicité intégrée à l’e-commerce n’est plus un complément, c’est un pilier. Carrefour, Cdiscount ou Fnac Darty développent leurs propres solutions en réponse à Amazon, gagnant en légitimité et en audience.
  2. Explosion du programmatique : Déjà 71% des achats display, le programmatique s’impose grâce à la data, à l’automatisation et à la personnalisation du ciblage (source SRI/IAB). L’essor du cookieless et l’utilisation croissante de la data first-party accentuent cette tendance.
  3. Rationalisation des investissements : Les annonceurs cherchent la performance, boostent les campagnes à la performance (CPL, CPA, conversions) et maîtrisent mieux leur rentabilité, grâce à des outils type Google Ads, Meta Business Suite ou Amazon DSP.
  4. Exactitude de la mesure et de la brand safety : L’importance des KPIs “incremental” (uplift, reach réel, contribution à la vente) est renforcée, tout comme la lutte contre la fraude publicitaire et la brand safety.
  5. Intégration de l’IA : L’IA générative (à l’image de Google Performance Max ou Meta Advantage+), l’optimisation créative automatisée et les outils intégrant le machine learning offrent de nouveaux leviers pour les marketeurs, réduisant les coûts de production et améliorant le ciblage.

Quels acteurs dominent ? Focus plateformes et agences

Le marché français reste oligopolistique, dominé par quelques “géants” internationaux mais avec une place croissante pour les nouveaux acteurs.

  • Google : Leader incontesté du search (et de la vidéo via YouTube), il capte environ 45% du marché français digital en 2024 (Source BUMP/SRI). Sa dominance reste solide, même si challengée sur certains segments.
  • Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) : Deuxième acteur, Meta pèse près de 25% des investissements publicitaires online en France début 2024. TikTok grignote lentement cette part.
  • Amazon Advertising : Amazon est le n°1 du retail media et progresse rapidement sur le search, avec une part de marché passée de 4% en 2021 à près de 8% en 2024 selon l’Autorité de la Concurrence. Sa croissance double chaque année.
  • TikTok: Avec plus de 23 millions d’utilisateurs en France (source Médiamétrie), TikTok attire de nombreux budgets, hors des traditionnels Meta/Google.
  • Régies et agences françaises : Havas, Webedia, TF1 Pub, Unify… Si elles souffrent face à la force de frappe des GAFAM, elles regagnent du terrain sur des audiences locales, la contextualisation ou le DOOH (affichage extérieur digitalisé).

Facteurs clés d’évolution pour 2025

En 2025, le marché pourrait être bousculé par des facteurs externes et structurels :

  • Fin des cookies tiers sur Chrome : Décalée à 2025 (source : Google), cette disparition oblige annonceurs et régies à investir massivement dans la data propriétaire et à repenser la mesure de l’efficacité publicitaire.
  • Poids réglementaire du RGPD et du DMA : Les contraintes européennes sur la data modernisent les méthodes de ciblage et redistribuent partiellement les cartes, au profit d’acteurs compétents en privacy.
  • Environnement économique : Si la croissance du marché résiste à l’inflation, les budgets sont plus volatils, et plusieurs secteurs (banque, automobile, tourisme) arbitrent fortement leurs dépenses digitales selon les résultats.
  • Pression sur la responsabilité (RSE, écoconception de la pub, sobriété numérique) : De plus en plus de grands annonceurs demandent des solutions durables, du reporting lié à l’impact environnemental, ou privilégient des formats moins énergivores.

Quel impact pour les annonceurs et les professionnels du marketing ?

Face à un marché qui flirte avec les 12 milliards en 2025, la concurrence se renforce, notamment sur la qualité de l’audience, la transparence et le ROI. Les annonceurs doivent affiner leurs arbitrages :

  • Choisir les bons canaux en fonction de leurs objectifs et non plus seulement selon les volumes d’audience : ROI, ciblage, contexte sont devenus des critères prioritaires.
  • S’adapter à l’évolution réglementaire, investir dans la data clean et renforcer l’éthique dans la collecte et l’exploitation de la donnée.
  • Expérimenter les dispositifs innovants : retail media, audio digital, influence programmatique et IA créative, pour se différencier sur un marché en surchauffe.

À quoi faut-il s’attendre au-delà de 2025 ? Quelques perspectives

L’écosystème digital français est à la croisée des chemins. Après des années de croissance forte, le passage à de nouvelles logiques (privacy, IA, sobriété…) devrait ralentir la surenchère quantitative mais accélérer la mutation qualitative du secteur. L’arrivée de la télévision segmentée, la montée en puissance de la pub vidéo, du retail media et l’ultra-personnalisation via l’IA marqueront l’avenir du marché publicitaire online en France.

Les petits et moyens acteurs locaux, eux, auront tout intérêt à miser sur la créativité, l’innovation et l’ancrage territorial, face à la puissance des grandes plateformes internationales.

À surveiller de près : le rapport entre audiences, contextes, et efficacité, alors que la publicité digitale entre dans une nouvelle ère – plus responsable, plus complexe, mais toujours plus centrale.

Sources principales : SRI, BUMP, IAB Europe, Magna, eMarketer, France Pub, Médiamétrie, FEVAD, presse professionnelle.

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