21/11/2025

Budget marketing digital 2024 : où en sont vraiment les entreprises françaises ?

Un contexte numérique tendu : le digital face aux arbitrages budgétaires

L’année 2024 s’inscrit dans une période de vigilance économique pour les entreprises françaises. Inflation persistante, incertitude géopolitique, mais pression constante sur la performance : tous les ingrédients sont réunis pour contraindre les directions marketing à revoir leurs priorités. Pourtant, le digital reste la première ligne budgétaire dans de nombreuses entreprises, PME comme grands groupes.

En France, 83 % des entreprises interrogées par le Baromètre du Digital Marketing (UDA, 2024) confirment maintenir ou augmenter leur budget marketing digital cette année. C’est un niveau jamais atteint, alors même que les budgets offline reculent en moyenne de 7 %. Les directions s’adaptent donc, mais elles arbitrent davantage et exigent de la rentabilité immédiate de chaque euro investi.

La tendance est claire : passer d’une logique “test and learn” à une optimisation rigoureuse des canaux, tout en maintenant une capacité d’innovation. Mais comment se déclinent ces choix en pratique ?

Les chiffres-clés du budget marketing digital en France

Pour aller à l’essentiel, plusieurs études permettent de mieux cerner la répartition des budgets digitaux français en 2024. Voici quelques données structurantes provenant de sources comme France Pub, CMIT (Club des Marketeurs in Tech) et Kantar.

  • Le digital représente désormais 52 % des dépenses marketing totales tous secteurs confondus, contre 46 % il y a deux ans (France Pub, mars 2024).
  • Les PME allouent en moyenne 60 000 € annuels à leur marketing digital (hors embauche), mais plus de 120 000 € dans le secteur industrie-tech (CMIT / Aressy).
  • Le paid media (publicité digitale) capte 53 % du budget digital, devant le contenu (25 %), l’emailing et le CRM (12 %), et le SEO (6 %).
  • La vidéo en ligne et l’influence progressent fortement : +18 % pour la vidéo sociale, +22 % pour les collaborations avec influenceurs (Kantar, avril 2024).

Les pure players du e-commerce investissent, sans surprise, bien davantage : leur budget digital dépasse souvent 75 % de l’ensemble de la dépense marketing.

Quels canaux numériques émergent ou reculent ?

Le paysage se recompose rapidement, car il faut suivre les usages et la maturité des consommateurs.

  • Le search payant (SEA) reste roi : Google Ads et Bing absorbent près d’un tiers du budget digital. Malgré la hausse des CPC (+14 % sur Google en un an d’après Searchmetrics), les annonceurs ne lâchent pas ce levier jugé indispensable pour la captation directe.
  • Le social payant (Meta, TikTok, LinkedIn, Snapchat…) s’envole : +15 % d’augmentation de budget en un an, tiré par le format vidéo courte et les campagnes ciblées génération Z. LinkedIn Ads connaît un essor notable dans le B2B (+21 % d’investissement selon BDM, 2024).
  • L’influence marketing franchit un cap avec la professionnalisation des réseaux d’influenceurs. De nombreuses marques réallouent une partie de leur budget média à ce canal, perçu comme rapide et plus mesurable qu’auparavant.
  • Le SEO recule légèrement côté budget pur, mais reste stratégique dans la feuille de route. Les ressources internes sont privilégiées, la sous-traitance d’audit ou conseil étant revue à la baisse.
  • Emailing et marketing automation se stabilisent, mais montent en sophistication : les investissements se déportent vers les outils d’intelligence marketing (segmentation, scoring, personnalisation prédictive).

Gestion de crise et stratégies budgétaires : des arbitrages serrés

La frilosité liée à l’environnement macro-économique se traduit par des arbitrages plus tendus que jamais. Voici les 4 principales stratégies repérées sur le terrain.

  1. Priorisation des canaux à ROI court terme : Les entreprises privilégient les canaux traçables et rentables rapidement. Cela favorise l’achat média (SEA, social ads) au détriment du branding ou du contenu long-terme.
  2. Test rapide, déploiement limité : Les équipes marketing testent de nouveaux formats ou outils sur de petits budgets, et n’étendent que ceux qui valident leur rentabilité (test & scale).
  3. Optimisation des outils existants : Pas de course à la nouveauté technologique, mais plutôt une rationalisation des stocks d’outils. Le “martech stack” moyen en France compte 11 outils (tous usages confondus), contre 14 l’an dernier (source : Hubspot/CMIT).
  4. Recherche systématique de mutualisation : Les directions marketing centralisent les achats médias, regroupent les budgets multimarques ou jouent la synergie digital/offline.

La chasse au gaspillage et à l’inutile est plus que jamais à l’ordre du jour.

Quels outils et technologies séduisent les directions marketing françaises ?

L’essor de l’intelligence artificielle, la recherche d’automatisation mais aussi les obligations de privacy (RGPD, fin des cookies tiers) déterminent de nouveaux choix techniques.

  • Les plateformes de gestion de données clients (CDP) progressent chez 36 % des entreprises interrogées (étude Kantar 2024).
  • L’IA générative (création de contenus, scoring campagne, chatbots) commence sa percée. Près de 25 % des entreprises du retail ont investi dans au moins un outil d’IA lié au marketing (BDM, mai 2024).
  • Le retargeting cookieless devient un nouveau poste de dépense, poussé par la suppression progressive des cookies tiers sur Chrome. Les solutions contextuelles et les plateformes “consent first” comme Didomi gagnent du terrain.
  • Les outils de web analytics sont renouvelés en masse pour s’adapter à GA4 ou à des alternatives européennes plus privacy friendly (Piwik PRO, Matomo).

La sophistication technique oblige aussi les directions marketing à mieux former les équipes internes (budget formation en hausse de 14 % sur ce segment, source Baromètre de la Formation Marketing 2024).

PME vs grands groupes : des dynamiques et des contraintes différentes

Les choix sont loin d’être uniformes selon la taille et la maturité des entreprises.

  • Les PME se concentrent sur quelques canaux efficaces : SEA, réseaux sociaux, email. Leur budget est souvent plus agile mais aussi plus vulnérable à la conjoncture économique. L’externalisation reste la règle, faute de ressources internes.
  • Les ETI et grands groupes investissent davantage dans la data, la brand safety et la publicité programmatique. Ils arbitrent entre le ROI court terme et des investissements d’image, durables mais plus risqués.

Une anecdote relevée lors du salon E-marketing Paris 2024 résume bien la situation : plusieurs responsables marketing constatent que “toute nouvelle dépense, même minime, doit maintenant être justifiée par des résultats et des mesures très concrètes, sous forme d’AB test ou de proof of concept, validés par la direction financière.”

Quelles priorités pour piloter son budget digital en 2024 ?

  • Miser sur les canaux les plus performants pour sa cible : Adapter la répartition du budget selon les données historiques de performance, pas selon les tendances générales.
  • Anticiper les évolutions réglementaires (cookies, RGPD, consentement) pour éviter les mauvaises surprises et maintenir ses performances de collecte de data.
  • Investir dans la formation digitale continue : Une équipe formée sur les nouveaux outils et la data optimise mieux chaque euro dépensé.
  • Favoriser les synergies online/offline : Tirer parti des données et campagnes digital pour renforcer les actions locales ou magasins, et vice-versa.
  • Mettre en place des dashboards de pilotage : Les KPIs doivent être accessibles en temps réel pour ajuster sans délai les stratégies en cas de sous-performance.

À surveiller pour la suite : signaux faibles et prochaines ruptures

Si la prudence domine, de nouveaux signaux laissent entrevoir des évolutions à surveiller de près :

  • Le retail media explose : Les investissements des marques sur les plateformes e-commerce (Amazon Ads, Carrefour Links, etc.) pourraient bousculer la répartition des budgets d’ici fin 2024 (source : LSA, mai 2024).
  • Le social commerce s’installe sur Instagram, TikTok et Pinterest, poussant à repenser la façon d’investir sur ces réseaux qui deviennent des points de vente à part entière.
  • L’attribution multi-touch : Les projets d’attribution avancée progressent pour objectiver la performance de chaque canal, et s’adapter à la disparition du tracking cookie.
  • L’IA générative : Elle promet d’optimiser la création, la personnalisation, voire même la gestion budgétaire, mais son adoption effective à grande échelle reste à étudier.

Le mot d’ordre pour 2024 : sélectivité, mesure, innovation ciblée. Les entreprises françaises avancent collectivement vers une gestion budgétaire du marketing digital plus exigeante et plus mature, tout en gardant un œil sur les innovations à tester sans diluer l’efficacité.

Sources : UDA 2024, France Pub 2024, Kantar avril 2024, CMIT 2024, LSA, Searchmetrics, BDM, E-marketing Paris.

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