02/08/2025

Cloud computing en 2024 : les tendances qui révolutionnent l’activité des professionnels du digital en France

De la virtualisation à l’hyper-automatisation : état des lieux du cloud en France

Le marché français du cloud affiche une croissance soutenue : selon le cabinet Markess, il devrait dépasser 27 milliards d’euros en 2025, soit près du double en cinq ans (Markess, 2023). Mais cette croissance cache une profonde mutation : on est passé d’une logique IaaS/PaaS/SaaS classique à un écosystème beaucoup plus riche, où la notion d’“as a service” s’étend à tout – données, sécurité, IA, réseau, analyse, etc.

Trois évolutions majeures s’imposent :

  • L’hybride devient la norme : 59 % des entreprises françaises combinent aujourd’hui infrastructures cloud public et privé, ainsi que des clouds sectoriels spécialisés (IDC, 2023). Ce mixage permet plus de flexibilité et d’optimisation des coûts.
  • L’automatisation gagne du terrain : orchestrateurs, serverless, Infrastructure as Code (IaC)… Ces technologies rendent la gestion des ressources quasi transparente pour les équipes, réduisant le “time to market” de nouveaux services.
  • Le “cloud souverain” structure le marché : face à la sensibilité des données et au RGPD, 40 % des décideurs français favorisent des solutions certifiées SecNumCloud (ANSSI) ou “cloud de confiance”, et cherchent à réduire la dépendance aux géants américains (Le Monde Informatique, 2024).

L’intelligence artificielle infusée : automations, analytics et nouveaux modèles de collaboration

L’intégration de l’intelligence artificielle dans les plateformes cloud fait exploser les cas d’usage pour les professionnels du digital. Amazon Web Services (AWS), Google Cloud, Microsoft Azure et les acteurs français comme OVHcloud déploient tous des “AI services” prêts à l’emploi : génération de texte, d’images, de recommandations, analyse de sentiments, modèles prédictifs…

  • Analyser plus vite : l’analyse automatisée de grands volumes de données (big data analytics) est désormais accessible sans ressources internes conséquentes. Plateformes comme Google BigQuery ou Snowflake allègent la charge ETL et la complexité des pipelines de données.
  • Déployer des chatbots ou agents IA sur mesure : Microsoft, via Azure OpenAI, rend possible la création de copilotes personnalisés en un temps record, adaptés à chaque métier (assistance RH, support client, productivité).
  • Collaboration augmentée : le cloud permet aux équipes de travailler sur des workflows enrichis par l’IA, par exemple pour l’édition collaborative de contenu (Google Docs Smart Compose, Notion AI), la veille ou l’automatisation marketing.

Le cloud fluidifie l’accès à ces fonctions, tout en respectant les exigences règlementaires françaises, via le “cloud régionalisé” ou les solutions labellisées “cloud de confiance”, garantissant un hébergement des données sur le territoire ou dans l’Union Européenne.

Sécurité “Zero Trust”, chiffrement, conformité : la riposte des clouds à la hausse des menaces numériques

Les cyberattaques progressent et deviennent de plus en plus sophistiquées : 76 % des entreprises françaises ont connu au moins une tentative d’intrusion via des applications cloud en 2023 (CSO Online, 2024). Face à ces risques, les innovations récentes du cloud changent la donne :

  • Sécurité “Zero Trust”  : vérification systématique de chaque utilisateur, appareil et accès, même à l’intérieur du réseau. Google Cloud et AWS proposent des architectures “Zero Trust” standardisées.
  • Chiffrement avancé : chiffrement systématique des données en transit, au repos, voire “en cours d’utilisation” (confidential computing, proposé par Azure Confidential VM et bientôt OVHcloud).
  • Automatisation de la conformité RGPD et PSSI : outils d’audit intégrés, tableaux de bord de conformité automatisés, gestion facilitée des consentements pour les acteurs du marketing digital (solutions Onetrust, IBM Guardium…).

Nouveaux usages : secteur par secteur, comment les pros du digital réinventent leur quotidien grâce au cloud

L’innovation par le cloud n’est pas uniforme : elle s’adapte aux métiers. Voici un panorama des usages qui s’imposent dans 4 secteurs clés du digital en France :

  • Marketing digital : plateformes de campagne omnicanal (Salesforce Marketing Cloud, Selligent) et datalakes centralisés accélèrent l’intégration des données multicanales, le scoring client et la personnalisation automatisée. 52 % des responsables marketing en France exploitent désormais des solutions cloud/hybride pour leur data CRM (source : Fevad, 2024).
  • e-Commerce : déploiement de sites “headless” sur cloud, avec CMS découplés (Contentful, Strapi), gestion des pics de trafic, analyse prédictive des ventes, ou adaptation ultra-rapide de catalogues et offres.
  • Production de contenus : le cloud permet le hosting d’environnements collaboratifs pour le montage vidéo (Adobe Creative Cloud, Frame.io), la création 3D ou la gestion de DAM (Digital Asset Management) mutualisés.
  • Startups, SaaS & innovation : la plupart des applications SaaS françaises (Payfit, Swile, Qonto…) reposent sur des architectures cloud scalables, où le “pay as you grow” évite de lourds investissements initiaux et permet de pivoter rapidement. Le cloud facilite aussi la mise en conformité et la rapidité de déploiement à l’international.

La souveraineté numérique : où en est la France ? Quels impacts sur le cloud professionnel ?

Avec un marché dominé à 70 % par AWS, Microsoft et Google (Syntec Numérique/IDC, 2023), la question de la souveraineté numérique s’est imposée comme un enjeu stratégique. La France multiplie les chantiers : labellisation “SecNumCloud” pour les fournisseurs conformes aux attentes de l’ANSSI, soutien du cloud “Gaia-X” à l’échelle européenne, montée en puissance d’OVHcloud et d’autres acteurs nationaux.

Les avantages recherchés :

  • Limiter le transfert hors UE des données sensibles (finances, santé, administratif)
  • Favoriser la création de valeur numérique locale
  • Mieux maîtriser la chaîne de sécurité (chiffrement, hébergement, support)

Pour les professionnels du digital, cela implique de challenger régulièrement leurs choix de fournisseurs, d’intégrer la question du “cloud de confiance” dans leurs appels d’offres et de maîtriser les certifications. De nouvelles alliances apparaissent (Orange/Capgemini/Blue, 3DSOutscale, etc.), favorisant des offres cloud compétitives et compatibles avec les règles françaises.

Au-delà du buzzword : outils cloud innovants à adopter et tendances fortes à suivre

Le marché évolue vite et il faut aujourd’hui jouer avec des solutions testées et matures plutôt que de courir après chaque nouveauté marketing. Voici quelques outils et concepts qui font la différence pour les professionnels du digital :

  • Serverless first : AWS Lambda ou Google Cloud Functions maximisent l’agilité pour les apps événementielles et front-end sans avoir à gérer de serveurs, avec un paiement “à la demande”.
  • Data Lake as a Service : Snowflake et BigQuery révolutionnent l’analyse data sans infrastructure lourde, adaptés aux PME comme aux grands groupes.
  • No-Code/Low-Code Cloud : Make, Zapier, OutSystems facilitent l’automatisation, la création d’apps marketing ou de workflows RH, en réduisant la dépendance aux développeurs.
  • SecOps intégrés : pour une gestion centralisée de la sécurité, des outils natifs dans le cloud (AWS Security Hub, Azure Sentinel) permettent des audits, du monitoring et de la remédiation des incidents pour toute l’infra.

Perspectives 2024-2025 : les points de vigilance et les axes stratégiques pour rester compétitif

Le rythme d’innovation du cloud bouleverse les lignes très rapidement. Pour les professionnels du digital français, plusieurs axes restent à surveiller de près :

  • Maîtriser la complexité multi-cloud : éviter la dépendance excessive à un fournisseur (lock-in), négocier la portabilité des services, piloter les coûts.
  • Renforcer la cybersécurité par la formation : trop de failles proviennent encore d’erreurs humaines ou de mauvaises configurations.
  • Explorer activement l’IA générative & sectorielle : 33 % des entreprises françaises déploient déjà des projets d’IA dans le cloud (source : Observatoire du Numérique, 2024), mais le potentiel reste immense.
  • Intégrer la sobriété numérique : l’optimisation des architectures cloud réduit l’impact carbone. Des calculs précis s’imposent, surtout avec l’essor du green IT.

Le cloud computing ne se résume pas à une simple tendance technique : il façonne la manière de s’organiser, de créer, de sécuriser et d’exploiter les ressources numériques. Les professionnels français du digital ont tout à gagner à anticiper ces innovations – non pas par effet de mode, mais en adoptant une approche sélective, pragmatique et conforme à la réalité de leur marché.

En savoir plus à ce sujet :

Tous droits réservés | © Copyright lecadredigital.fr.